Germain Prévost

La Völklinger Hütte plongée dans la lumière rouge
Copyright: Weltkulturerbe Völklinger Hütte | Oliver Dietze

ipin by michel wiart v2

ipin by michel wiart v2
Copyright: Michel Wiart

née en 1981 à Reims
vit et travaille à Marseille

Werke

Forkliftography #4

Germain Prevost Fork KHV kompr

Germain Prevost Fork KHV kompr
Copyright: Karl Heinrich Veith

Datation

2024, in situ

Description

Connu sous le pseudo d’Ipin, l’artiste marseillais Germain Prévost se penche plus particulièrement sur la recherche de nouvelles formes d’expression échappant aux conventions. Son travail dans la salle des mélanges de l’usine sidérurgique de Völklingen à l’occasion de l’édition 2024 de la Biennale d’art urbain témoigne de sa volonté de développer une esthétique urbaine qui accorderait une place de choix à des éléments comme la spontanéité et le hasard. En réponse au gigantisme de l’ancienne usine sidérurgique, il a conçu une méthode de travail inédite. Le « pinceau mécanique » qu’il maniait se composait en effet d’un chariot élévateur dont la fourche était munie d’un matelas plié qu’il trempait dans de la peinture noire. En limitant volontairement de manière aussi radicale et ciblée ses moyens picturaux, Ipin parvient à briser les habitudes visuelles et à formuler ce qu’est à ses yeux le rôle central de l’art : l’option non négociable d’une pure présence liée au lieu, par-delà la maîtrise technique et les contraintes formelles.

Daniel Bauer

The Cornerstone

IPIN Cornerstone

IPIN Cornerstone

Datation

2024, in situ

Dimensions

13 x 26 m

Matériau

Acrylfarbe

Description

Germain Prévost, alias Ipin, est originaire de Marseille. Pour The Cornerstone, il s’est inspiré d’une scorie trouvée par son collègue artiste Vladimir Turner sur le site de l’usine sidérurgique de Völklingen. Dans cette murale créée pour la Biennale d’art urbain 2024, la pierre joue un rôle fondamental. C’est elle qui structure de manière décisive les couches sédimentaires qui l’entourent et qui reprennent les teintes du tissu urbain, en faisant jaillir un bloc de sédiment comme une lame redoutablement aiguisée. Ipin y voit une reconstruction par l’art et la culture de Völklingen, ville minière blessée. L’artiste rompt ainsi avec un schéma récurrent de son travail puisque pour une fois, il ne développe pas une perspective dystopique. Convoquant un niveau d’interprétation supplémentaire, cette peinture murale montre que la ville, qui s’est développée grâce au charbon, au fer et à l’acier, n’a pas seulement dû faire face aux conséquences économiques de la désindustrialisation, mais qu’elle a également été meurtrie dans sa chair. Les secousses sismiques qui ont frappé les puits jusqu’à précipiter la fin brutale de l’exploitation minière dans la région en 2012 ont également durement touché le quartier de Fürstenhausen à Völklingen. Même si l’art peut être un vecteur du changement structurel, Ipin ne manque pas de rappeler qu’il doit rester aussi inconfortable qu’un « caillou dans une chaussure ».

Daniel Bauer