Technofossils

Hendrik Czakainski a baptisé Technofossils son travail présenté à Völklingen, ce qui correspond bien à l’esthétique et au message. Déposés sous forme de sédiments, ce sont précisément ces vestiges qui pourraient parler de nous et de notre époque – si quelqu’un ou quelque chose prenait la peine de s’y attarder. En termes de perspective et de composition, le résultat rappelle tout d’abord, et ce n’est pas un hasard, des photographies aériennes ou des images satellites sur lesquelles ont aurait zoomé. Sauf qu’à y regarder de plus près, il s’agit d’assemblages détaillés. Issu de la peinture traditionnelle, Hendrik Czakainski a développé son œuvre en utilisant des matériaux aussi variés que les panneaux de fibres durs, les filets, le mastic ou la poudre de fer. Dans son atelier berlinois, il livre ainsi une forme hybride entre peinture et construction de maquettes. Avec des structures colorées en partie gravées, il crée des évocations de l’envers de l’ordre économique et social où se distinguent dépotoirs et autres bidonvilles. Alors que les rendements augmentent, l’exploitation des ressources et du « matériel humain » progresse elle aussi. D’une main invisible, du moins pour ses bénéficiaires, la logique de croissance de l’homo oeconomicus veille également à l’augmentation des décharges toxiques. Qu’elles soient mentales ou matérielles, Hendrik Czakainski les met habilement en image.